« Splatoon 3 est-il nécessaire ? »
Je pense que mon affinité avec Splatoon n’est un secret pour personne : avec plus de 700 heures de jeux cumulées sur les deux premiers épisodes et 10 articles qui lui sont consacrés ici-même, il s’agit d’une licence qui m’aura marqué. Cependant, ma hype envers Splatoon 3 a toujours été en demi-teinte. Alors que je m’étais promis de reprendre la série après avoir délaissé Splatoon 2 début 2019, je n’ai, à l’heure actuelle, que peu envie de me procurer le dernier épisode en date.
Analyse personnelle de la com du jeu
Tout commença avec la première bande annonce du jeu, lors du Nintendo Direct de février 2021. Au programme, des parties toujours aussi endiablées, un Salmioche en compagnon et quelques nouvelles armes. Le jeu est prévu pour sortir en 2022. Je n’attendais pas un nouvel épisode de sitôt mais pourquoi pas.
Vint ensuite la seconde présentation montrant, entre autre, le nouveau mode solo, confirmant le retour d’Ayo, Oli et Macalamar. Puis nouveau silence radio jusqu’au premier Direct de 2022, toujours en février. Cette fois-ci, la vidéo mit en avant le mode Salmon Run, de retour après son introduction dans Splatoon 2. Si de nouveaux ennemis et le lancé d’oeufs nous sont présentés, je n’arrive pas à faire abstraction d’un sentiment de déjà vu, que ce soit musicalement ou visuellement.
Les mois suivants ne feront rien pour me rendre moins mitigé puisqu’il fallut attendre le Splatoon 3 Direct en août pour avoir des informations concrètes sur le jeu. Entre temps, les comptes officiels sur les différents réseaux sociaux se contenteront de présenter armes et équipements.
Malheureusement, cette présentation de 30 minutes ne me permit pas de changer d’avis comme je l’espérais. Au delà du trio de nouveautés « terrains, armes et équipements », Nintendo nous présenta, entre autre, le nouveau hall, le casier à customiser, le jeu « Cartes & Territoires » ou encore les matchs tricolores. Des ajouts au demeurant sympathiques mais qui ne provoqua pas une folle envie de précommander le jeu.
Mon dernier rapport avec Splatoon 3, qui maintiendra à flot ma motivation d’écrire cet article, remonte à la Paris Games Week. Au cours de l’événement, j’ai pu assister à plusieurs sessions de Salmon Run animées par EvilSquid. Ces dernières valideront un peu plus mon constat personnel : les joueurs auraient pu collaborer sur Splatoon 2 que cela se serait à peine remarqué, tant le mode semble quasiment identique entre les deux épisodes.
On prend (presque) les mêmes et on recommence
Tout d’abord, je ne pense pas que Splatoon 3 soit un mauvais jeu. Seulement, son absence de nouveauté majeure rend actuellement son achat discutable à mes yeux. Il est évident qu’à l’instar des deux premiers jeux de la licence, ce troisième volet deviendra plus attractif avec le temps. Si je ne doute pas de la pertinence des ajustements liés à l’équilibrage ainsi que du confort et du fun apportés par les nouveautés proposées pour un joueur aguerri, en tant que joueur occasionnel, ayant précédemment décroché de la franchise, cela me paraît bien moins évident.
J’ai également ressenti une forme d’insolence en visionnant le Splatoon 3 Direct de la part de Nintendo, qui corrobore avec les précédents points évoqués. La série ayant rencontré un certain succès, Big N semble être sûr de soi quant à sa gestion. Sur le plan visuel et technique, Splatoon me semble peu évoluer.
En tout cas, ce ne sont pas les améliorations à ces niveaux qui étouffent Splatoon 3 comme j’ai pu le constater lors du Splatfest World Premiere ou pendant le Direct avec une méduse montrée au premier plan avec un taux d’image par seconde bien inférieur aux 60 proposées une fois le jeu en main. Ce n’est qu’un simple détail sans conséquence sur le gameplay mais dans le cas de Splatoon, cela m’a gêné.
Autrement, la licence semble être d’ores et déjà prise dans une boucle : à nouveau, le jeu bénéficiera d’un suivi et de mises à jour pendant deux ans, possède son trio d’amiibo et aura droit à un DLC. Splatoon n’a que 7 ans et me semble déjà tourner en rond. Encore une fois, il n’y a rien de problématique en soi mais ce sentiment que Nintendo a posé sa série sur des rails, rendant chaque jeu parfaitement calibré pour rester sur le devant de la scène un temps donné connu à l’avance me gène.
Concernant les amiibo, je ne pense pas prendre de risque en prévoyant que d’autres sont prévus, avec un potentiel second tripack à l’effigie des membres de Tridenfer (Pascale, Angie et Raimi), faisant suite à la sortie de ceux d’Ayo et Oli (Splatoon 1), puis de Perle et Coralie (Splatoon 2).
Autant je suis favorable aux DLC, autant je n’apprécie pas le fait que celui de Splatoon 3 ai été révélé aussi tôt. Cela ne change rien à la qualité de ce futur contenu additionnel mais que Nintendo indique qu’une suite spirituelle à l’Octo Expansion soit déjà sur les rails, alors même que le jeu n’était pas encore disponible témoignage selon moi d’un excès de confiance. De façon générale, je trouve qu’annoncer des DLC avant la sortie d’un jeu n’envoie pas un bon message aux joueurs : « vous avez envie d’acheter notre jeu ? Bonne nouvelle, il faudra bientôt repasser à la caisse pour toujours plus de contenu » .
Pour revenir sur la confiance de Nintendo envers la licence, en un Direct, Big N aura abattu ses cartes principales, montrant clairement à quoi nous devrons nous attendre. Est-ce peut-être une tentative de masquer le fait que le jeu serait, dans ses premiers mois, trop similaire au précédent jeu ?
Un second Splatoon sur Switch
Au sujet du contenu proposé, est-ce que le fait qu’il ne soit renouvelé que timidement est lié au type de jeu ou est-ce Nintendo qui, par manque de temps, peine à proposer des ajouts significativement différents ?
Lorsque Splatoon 2 est sorti, nombreuses étaient les critiques qualifiant le titre de « Splatoon 1.5 ». Seulement, le jeu profitait du fait de sortir sur une autre console que son ainé et de proposer un gameplay plus traditionnel, la Switch n’étant pas compatible avec le GamePad de la Wii U.
Splatoon 3 n’aura pas ce luxe et, fait important pour un jeu principalement multijoueur en ligne, ne pourra potentiellement pas utiliser l’argument de la disponibilité des serveurs, ce dernier étant disponible également sur Switch.
Splatoon 3 : une évidence commerciale
Néanmoins, et ce alors que je n’adhère pas au fait que Splatoon 3 soit sorti aussi tôt au vu du contenu proposé, je pense comprendre les raisons ayant poussé Nintendo à proposer un second épisode de son FPS sur sa console hybride. Etant donné que les jeux Switch ont encore un avenir durant, au moins, les deux prochaines années (Splatoon 3 sera mis à jour jusqu’à fin 2024), proposer un nouvel épisode fait sens lorsque nous prenons en compte la base installée de joueurs (4,7 millions pour Splatoon 2 contre 111,08 millions juste avant la sortie du troisième épisode).
De plus, il est commercialement plus séduisant de sortir un nouveau jeu qui sera régulièrement mis à jour et ajusté au fil du temps plutôt que de continuer à équilibrer et alimenter en contenu un jeu sorti il y a cinq ans.
Par ailleurs, nul ne peut contredire le succès rencontré par Splatoon 3 au lancement : meilleur démarrage de la série et s’est presque autant vendu que Splatoon 2 au Japon (5,01 contre 5,11 millions d’exemplaires) au 31 septembre 2022. Quant aux ventes mondiales, les ventes de Splatoon 3 (7,9 millions) représentaient plus de la moitié de celles de Splatoon 2 (13,3 millions). Il n’est donc en rien risqué de prédire qu’à son prochain bilan financier, Nintendo nous apprendra que Splatoon 3 aura dépassé son grand frère grâce à la saisonnalité habituelle des fêtes de fin d’année.
En ce qui me concerne, je ne doute pas que je jouerai tôt ou tard à Splatoon 3. Malgré cela, écrire cet article me tenait à coeur comme son acquisition est tout sauf une évidence. S’il est important de pointer du doigt les défauts d’un jeu auquel nous avons joué, cela l’est tout autant si ledit jeu peine à nous convaincre de passer à la caisse.
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