Anniversaire : un atout marketing ?
Note : J’avais sorti un article traitant de la gestion des anniversaires par Nintendo, il y a 4 ans. Au vu de l’actualité, j’ai eu envie de traiter une nouvelle fois ce sujet avec un angle différent et de nouveaux arguments. Considérez donc l’article que vous vous apprêtez à lire comme une suite spirituelle.
Cette année, nous fêtons respectivement les 25 et 35 ans de Pokémon et Zelda. Deux anniversaires que les fans n’auront pas oubliés puisqu’il fut possible d’admirer de nombreux fanarts et autres photos de collection les jours-J. Si les festivités liées à Pokémon ne m’ont pas semblé décevoir les fans dans l’ensemble, force est de constater que le son de cloche fut différent en ce qui concerne Zelda.
Attendu comme le messie, le Nintendo Direct diffusé le 17 février dernier (soit quelques jours avant les 35 ans de la série) eu l’effet d’une douche froide pour certains fans, considérant que Nintendo avait délibérément raté cet anniversaire. En effet, l’annonce du pass d’extension pour « Hyrule Warriors : l’Ère du Fléau », l’arrivée prochaine d’informations concernant « la suite de Breath of the Wild » et le remaster de Skyward Sword eurent un arrière goût de trop peu chez une partie des joueurs.
Quand Nintendo revendique un anniversaire
Au dernier Nintendo Direct, Big N n’a, à aucun moment, mentionné le trente-cinquième anniversaire de Zelda et nous sommes plusieurs à avoir remarqué que les réseaux sociaux de la firme sont restés vierges de tout message festif le jour fatidique. Est-ce que, pour autant, Nintendo a décidé d’ignorer cette célébration ?
Souvenez-vous, à l’E3 2011, Nintendo commença sa conférence de presse par un medley des musiques de Zelda joué par un orchestre symphonique, débutant ainsi, les festivités des 25 ans de la saga. Alors que le remake 3D d’Ocarina of Time occupa une place centrale dans ces célébrations, il est bon de rappeler que le jeu fut annoncé et daté bien avant que ces dernières ne commencent.
Cinq ans plus tard, c’est via le Nintendo Direct de septembre 2016 que les 30 ans de Zelda furent officiellement revendiqués. Pour rappel, l’artwork Hyrule Graphics (Arc & Artifacts en occident) était disponible depuis fin août au Japon et le remaster de Twilight Princess était sorti en mars après avoir été annoncé en novembre 2015, ce qui avait permis à Nintendo d’évoquer brièvement ce trentième anniversaire.
Concernant les anniversaires de Mario, une tendance peut être constaté : les 30 ans de Mario ont commencés à faire officiellement parler d’eux dès le mois d’avril. L’occasion de promouvoir comme il se doit Super Mario Maker sorti en septembre, soit le même mois que Super Mario Bros, trois décennies auparavant mais aussi de sortir les fameux amiibo Mario 8-bit.
Enfin, si les célébrations autour des 35 ans du plombier ont bel et bien commencé en septembre 2020, cela n’aurait pu ne pas se passer comme cela puisqu’il aurait été prévu que ces dernières commencent dès avril selon un visuel mentionnant un événement ce même mois sur Super Mario Maker 2.
En conclusion, aucun des anniversaires principaux fêtés par Nintendo n’a, jusqu’alors, tenu compte de la date-anniversaire de ses licences.
Une fête au nom du fan service
Je pense que Nintendo est conscient des attentes de ses fans et sait justement comment s’y prendre. Est-ce que les différentes initiatives estampillées « XXème anniversaire » auraient eu le même accueil hors contexte festif ? Probablement pas et il est amusant de constater qu’une communication explicite et la présence d’un logo supplémentaire sur quelques produits peut changer la donne. Un anniversaire est avant tout un argument marketing qu’il serait dommage de ne pas utiliser tant qu’il est, nous avons pu le constater, réclamé par les fans.
En réalité, tout est une question de timing. Pour commencer, la plupart des produits « anniversaire » aurait très bien pu sortir sans festivité aucune : Nintendo n’a pas attendu un quelconque anniversaire pour produire des remakes. Pour reprendre l’exemple de Zelda, Wind Waker HD (2013) et Majora’s Mask 3D (2015) sont sortis sans contexte particulier. Il y a fort à parier que si 2011 et 2016 n’avaient pas été des années symboliques pour Zelda, Ocarina of Time 3D et Twilight Princess HD seraient tout de même sortis. Ceci est également valable pour les amiibo, les ajouts sur la Console Virtuelle et le Switch Online.
Sans parler des consoles collector puisque Zelda est une des franchises (pour ne pas dire LA franchise) de Nintendo a avoir proposé le plus de console à son effigie. En revanche, je veux bien croire que les partenariats avec les diverses marques de vêtements ainsi que les concerts, et notamment la tournée « Symphony of Goddesses » ont bien été motivés par le fait de proposer du contenu inédit et éphémère pour ces années spéciales.
Je pense que c’est dans l’optique de marquer les joueurs que Nintendo a misé sur l’aspect temporaire des 35 ans de Mario. La disponibilité limitée de Super Mario Bros. 35 et surtout la Game & Watch : Super Mario Bros. et de Super Mario 3D All-Stars illustre parfaitement le côté passager d’un anniversaire. Bien que pour 3D All-Stars, j’ai toujours des doutes quant à la disparition définitive des trois épisodes que composent la compilation. Cela ne serait pas logique dans l’optique où Nintendo semble vouloir réunir un maximum de ses jeux via le Switch Online et autres portages, remasters et remakes.
Le cas « Skyward Sword »
Je pense que Skyward Sword est un Zelda bien particulier. Bien qu’ayant été vendu comme étant le « Zelda des 25 ans », je pense qu’il s’agit avant tout du « Zelda de la Wii », rendu spécial pour l’occasion. Ce n’est un secret pour personne, en créant un nouveau jeu, Nintendo pense avant tout à de nouvelles idées de gameplay. Je ne serais pas surpris que le fait de placer chronologiquement SS avant tout autre épisode fut une volonté afin de proposer un jeu au contexte fort pour les 25 ans.
En 2013, Aonuma déclara que si les remasters de Twilight Princess et Skyword Sword avaient tout d’abord été envisagés, ce fut Wind Waker qui fut choisi étant donné que les graphismes de ce dernier s’adaptaient mieux en HD. J’imagine qu’ensuite, Twilight Princess suivit pour faire patienter les fans en attendant Breath of the Wild. Toujours est-il que Skyward Sword n’eut pas le droit à son remake sur Wii U mais bien un simple portage via la Console Virtuelle Wii… dans le cadre des 30 ans de la saga.
En réalité, ce n’est pas si étonnant que Skyward Sword débarque sur Switch, et ce, indépendamment de n’importe quel événement, étant donné que le concept de la console hybride lui apportera une certaine rejouabilité grâce aux Joy-Con, qu’il est possible de voir comme une version améliorée du combo Wiimote + Nunchuck, et grâce à ses modes de jeux. Ces quelques arguments rendent la présence du remaster sur Switch plus légitime que sur Wii U, d’où le fait que cette dernière n’ait eu qu’un portage. A l’échelle des 35 ans de Zelda, il est assez ironique de retrouver ce jeu pour le troisième anniversaire majeur consécutif.
Les 35 ans de Zelda
Admettons que le schéma des précédents anniversaires de Zelda se répètent, cela ne changera donc rien au niveau des jeux en préparation : Nintendo aura probablement le réflexe de présenter l’actualité de la licence comme faisant partie intégrante des festivités des 35 ans, surtout si Big N communique sur le sujet avant la sortie de SS HD.
Comme dit plus haut, l’existence de ce troisième remaster HD n’est pas une surprise. En omettant les leaks à ce sujet, cela semble logique que « Hyrule Warriors : l’Ère du Fléau » ait droit à des DLC puisque le premier épisode y avait précédemment eu le droit. Enfin, si Nintendo souhaite sortir « la suite de Breath of the Wild » cette année, il serait moins aisé de présenter le jeu comme étant « celui des 35 ans de la série » puisqu’il s’agira, à priori, de la première suite directe d’un autre épisode. A l’instar de Skyward Sword en son temps, ce futur Zelda sera avant tout le « Zelda de la Switch ».
Concernant les Joy-Con collector, il semble en effet compromis de voir l’apparition d’un modèle de Switch estampillé Skyward Sword. Sachant que la gamme 3DS eu le droit à six modèles spécial Zelda, il serait étonnant que la Switch ne suive pas cette tendance à terme. En ce qui concerne 2021, il me semble plus raisonnable d’attendre un pack console + jeu, à l’instar de Splatoon 2.
Enfin, beaucoup souhaiteraient « pour les 35 ans » voir les remasters de Wind Waker et Twilight Princess portés sur Switch. Si cela arrive (en fin d’année d’après les dernières rumeurs), je pense que le timing sera uniquement dû au fait que Nintendo surfera, une nouvelle fois, sur le fait que ce sont les 35 ans de Zelda. En effet, aucun anniversaire n’a servi jusque là à voir débarquer les nombreux portages de jeux Wii U.
Si Nintendo souhaite réellement réunir un maximum de ces jeux sur Switch, alors proposer ces deux jeux sous forme d’un « pack duo » semble être le choix le plus judicieux. En effet, il ne sera pas nécessaire de retravailler ces jeux GameCube puisque des versions HD existent déjà, ce qui constituerait un cas inédit comme il s’agirait d’un portage de remasters. Nous aurons à faire à quelque chose de différent de Super Mario 3D All Stars puisque les trois jeux de la compilation eurent droit à un lifting pour leur arrivée sur Switch.
Peut-on définir un anniversaire fêté par Nintendo ?
En conclusion, il me semble difficile d’anticiper ce que Nintendo réserve lorsque la firme souhaite fêter un anniversaire. Bien souvent, cela sera un prétexte pour mettre en avant le jeu du moment ou à sortir prochainement. Cela se ressent notamment avec la diversité proposée à chaque anniversaire fêté. De plus, les anniversaires revendiqués sont volontairement arbitraires puisque des célébrations ne sont organisées qu’une fois tous les cinq ans. Prouvant à nouveau que les licences Nintendo n’ont pas besoin de ce type d’événement pour s’enrichir de nouveaux jeux/remakes ou encore d’amiibo.
Ensuite, les jeux proposés au cours de ces années spéciales n’ont généralement rien de particulier. Hormis l’exemple de Skyward Sword mentionné à de nombreuses reprises, citons également Pokémon Soleil et Lune. Ces jeux ne sont pas développés par Nintendo, mais restent un cas intéressant puisque sortis en 2016, l’année des 20 ans des monstres de poche. Or, aucune mise en avant des Pokémon de première génération, hormis l’apparition du concept des formes régionales n’est à signaler, contrairement aux précédents jeux, X et Y.
Enfin, de quoi doit être composée une année anniversaire en terme de jeux pour être réussie ? D’un nouveau jeu, d’une nouvelle série d’amiibo, d’un remake, voire d’une compilation de jeux se suivant chronologiquement? Bien évidemment que non puisque ce n’est pas Mario, ni Zelda et encore moins Pokémon qui aura réussi à réunir tous ces contenus au cours de leur carrière respective.
La seule licence de Nintendo ayant eu droit à ces derniers est Metroid. Licence morte, oubliée par Nintendo depuis Other M, pour certains qui fera son retour prochain sur Switch avec Metroid Prime 4. Si cette série su se montrer discrète au cours de ces dernières années, elle se fit tout de même remarquer avec le remake de « Metroid II : Return of Samus » et les amiibo de Samus et d’un Métroïde, sans oublier Metroid Prime Trilogy sorti sur Wii, puis sur Wii U.
Si un anniversaire peut proposer du contenu inédit, ce ne sera en rien du côté des jeux qu’il faudra se tourner, mais bien de celui d’événements spéciaux et autres produits dérivés, plus à même de nous surprendre et à inscrire une nouvelle étape dans l’Histoire de la licence concernée.
Sources : Puissance Nintendo, Wired
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