L’histoire de l’e-Reader – sortie en Europe ou pas ?
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Si l’e-Reader était bel et bien prévu pour sortir sur le vieux continent, l’Histoire retiendra que ce ne fut finalement pas le cas. Cependant, il serait injuste de faire un tel raccourci tant la communication européenne autour de l’accessoire connu bien des rebondissements.
Je ne saurais vous certifier quand est-ce que Nintendo Europe commença à aborder la sortie de l’accessoire. En revanche, nous pouvions le retrouver sur le planning des sorties en mai 2003. Il était alors prévu pour novembre et devait être accompagné de Donkey Kong-e, Mario Bros.-e, Excitebike-e, Tennis-e et « Pokémon-e » (probablement la première série des cartes Battle-e puisque les extensions « Expédition » et « Aquapolis » étaient, respectivement, déjà sorties depuis mars et prévues pour juillet).
Nintendo Europe annoncera également que d’autres boosters NES-e sont prévus pour le second trimestre 2004, à savoir Soccer-e, Urban Champion-e, Ice Hockey-e, Ice Climber-e, F-1-e, Volley Ball-e, Golf-e et Pinball-e.
Pourtant, le site MCV Online rapportera une information plutôt inquiétante le mois suivant. Selon Axel Herr, alors directeur général de Nintendo Europe, « le Card e-Reader ne sortira pas en Europe » . Quelques jours plus tard, Laurent Fisher, directeur marketing de Nintendo France, se voudra rassurant en indiquant : « Nous attendons encore des précisions au niveau européen, nous ne savons pas s’il est confirmé ou non. Des nouvelles bientôt ! » .
Parmi les jeux NES-e annoncés par Nintendo Europe, nous pouvons remarquer la présence de Volleyball-e, Ice Hockey-e, Soccer-e et F-1-e. Ces quatre jeux ont la particularité d’avoir été révélés la première fois à cette occasion. Ironie du sort, ils ne seront jamais commercialisés, même en Amérique du Nord ou en Australie. Par ailleurs, leur annonce semble être la seule communication auquel ils auront droit. Aussitôt annoncés, aussitôt oubliés !
Quand Nintendo le Magazine Officiel s’en mêle
Si, jusque là, tout va bien dans le meilleur des mondes, je ne peux m’empêcher de vous parler de deux publicités françaises au sujet du JCC Pokémon.
Dans le « Nintendo le Magazine Officiel » de juin 2003, il est possible de découvrir une publicité pour l’extension « Expedition » aux multiples écueils. Je n’ai aucune notion de publicité mais afficher des visuels anglais pour un produit disponible depuis trois mois en France ne me semble pas adéquat. Surtout lorsque ledit produit final présente des différences d’un continent à l’autre. En effet, ces visuels sont américains et non britanniques, comme vous allez pouvoir le constater.
Hormis le fait que le logo de l’e-Reader apparait sur les boosters, ce dernier est partiellement effacé sur la carte de Dracaufeu. Probablement pour proposer le visuel le plus proche de la version française de la carte. Peut-être vous demandez vous pourquoi il n’y a aucun dot code sur les côtés de la carte. J’aurais l’occasion de revenir sur le sujet plus tard mais pour faire simple, aucune carte holographique ne possède de code à scanner. Pour information, chaque carte holographique de l’extension Expédition existe également en non holographique, et donc avec un dot code.
Dans notre cas, il s’agit bien de la version holographique comme en témoigne la présence de la famille, du poids et de la taille de Dracaufeu indiquées sous son illustration. Données qui n’apparaissent pas sur la version non holographique de la carte. Enfin, si l’illustration n’apparaît pas holographique, sachez que les visuels numériques des cartes Pokémon ne le sont jamais.
La seconde publicité à laquelle je me suis intéressé apparaît dans le numéro juillet/août 2003 du même magazine. Nous pouvons cette fois-ci, trouver une annonce pour l’extension Aquapolis, sortie justement en juillet. Là encore, les visuels sont bel et bien dans la langue de Shakespeare mais, contrairement au visuel précédent, aucun effort n’est fait pour cacher la comptabilité des cartes avec l’e-Reader. Dot code et logo sont au programme sans que la moindre mention textuelle à l’accessoire ne soit pour autant présente.
Cependant, ce numéro aura le mérite de nous apprendre une nouvelle information. Dans la double page consacrée au GameBoy Player, nouvellement sorti, la rédaction offre un encadré à l’e-Reader, précisant que sa sortie est prévue pour le 7 novembre !
Entre report et annulation
Jusqu’alors, nous sommes en droit de nous demander comment la situation a t’elle pu dérailler ? Nintendo Europe affiche le lecteur de cartes dans son planning officiel, annonce en exclusivité l’arrivée prochaine de nouvelles cartes NES-e et une date précise est même connue. Je n’ai pas les moyens de savoir ce qui aurait pu se passer en interne, notamment au sujet de la validité des publicités pour le JCC mais je reste extrêmement curieux de savoir ce qui a pu mener aux déclarations officielles qui suivirent !
Le 18 août 2003, le site Computer and Video Games.com (ayant participé à la fusion de plusieurs sites devenus GamesRadar.com) déclare avoir contacté Nintendo Europe, après s’être rendu compte que l’e-Reader n’apparaissait plus dans le planning de sortie de la firme. L’article indique curieusement que la sortie était jusqu’alors prévu en octobre avec pas moins de dix jeux sous formes de cartes attendus d’ici la fin d’année. Voici ce que le porte parole de Nintendo déclara : « Nous pouvons confirmer qu’il n’y a aucune intention de sortir l’e-Reader en Europe » .
Cette déclaration manque cruellement de détails. Mais cela serait sans compter la suivante en date du 20 août, soit deux jours plus tard : « La sortie du e-Card Reader en Europe a été décalée au premier semestre 2004 car la priorité pour la fin d’année reste la sortie de jeux pour la GameCube et la GameBoy Advance. » Cet énième retournement de situation renforce l’idée que la sortie de l’accessoire en Europe est bel et bien compromise. Sans surprise, nous n’en entendrons plus parler de l’année.
Le dénouement énigmatique
Notre histoire reprend son cours dès janvier 2004 avec une rumeur relayée par Puissance Nintendo et GameCube Europe. Le Fox Kids Magazine, censé sortir le 29 du même mois en Belgique et aux Pays-Bas, devrait offrir le ticket Eon. Suite à quoi, le site français contactera Nintendo France afin d’éclaircir la situation : « Je vous confirme que nous n’avons aucune information officielle concernant une éventuelle sortie européenne, et donc encore moins une date de sortie. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’effectivement il a été programmé dans les plannings de sortie à un certain moment, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je vous tiens au courant dès que possible » .
Tout s’achèvera le 8 juillet avec une dernière déclaration de Shelly Pearce, responsable des relations publiques de Nintendo Europe au site spong.com : « Nous ne commercialiserons pas l’e-Reader en Europe : le marché potentiel n’est pas assez important. Cependant, Nintendo prévoit de rendre disponible le contenu exclusif à l’e-Reader par d’autres moyens » .
Après plus d’un an de communication et quelques retournements de situation, Nintendo renoncera à sortir son accessoire en Europe presque deux ans après la sortie nord américaine. Cette dernière déclaration laisse plusieurs interrogations en suspens. Que s’est-il passé en interne pour que la sortie subisse tous ces retournements de veste ? Pourquoi le « marché potentiel n’est pas assez important » alors que de toute évidence, il l’était quelques mois auparavant ? Est-ce l’accueil réservé à l’e-Reader dans d’autres pays qui aurait fait revenir Nintendo sur sa position initiale ? Cela restera malheureusement un mystère…
Ce n’est pas parce que l’e-Reader n’eut pas le droit à une sortie mondiale que Nintendo s’empêcha d’y faire référence. Dans Wario Ware, Inc.: Mega Party Game$, sorti en 2004 sur GameCube, le mode multijoueur proposé par 9-Volt est basé sur l’accessoire. Le but étant de tirer des cartes correspondant à des mini-jeux. Le joueur qui tirera une carte à l’effigie du e-Reader devra participer à tous les mini-jeux dont la carte a été précédemment tirée. Au Japon, il s’agira du Card e-Reader + qui sera mis en avant. Dans la version américaine, le mode multijoueur se nomme « Card-e Cards » et 9-Volt indiquera avoir créé ses propres « WarioWare-e cards » . Une belle référence pour un jeu n’ayant, justement, pas eu de série de cartes-e. Le meilleur reste à venir puisque le mode multijoueur fut localisé en Europe ! Dans les versions française, italienne et espagnole le mode est renommé « Jeu de cartes » . Il n’y a pas de mention aux « e-Cards » ni même aux « cartes-e » mais l’e-Reader est toujours cité et montré sans explication. Bien que cela ne gène en rien la compréhension des mini-jeux, cela reste ironique d’avoir laissé cette référence que la plupart des joueurs européens n’auront pu comprendre. Une référence qui a du sens dans les deux versions précédentes du jeu puisque pour rappel, le personnage de 9-Volt est connu pour ses allusions au patrimoine de Nintendo. Or, la réplique « Je suis fan de Nintendo. Regarde : j’ai créé mes propres WarioWare-e cards » perd une partie de son sens en VF avec « Je suis fan de Nintendo… Au point d’avoir créé mes propres cartes WarioWare ! » . Plus surprenant encore, le mini-jeu se nomme toujours « Card-e Cards » dans les versions anglaise européenne et allemande et nous introduit également aux « WarioWare-e cards » pour la première et aux « WarioWare-e-Cards » dans la seconde. Cela pourrait vouloir dire que la sortie de l’accessoire fut un temps uniquement envisagée dans ces deux pays européens.
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